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Parlement

Michel Delpon : « L’hydrogène en France mériterait un budget d’un demi-milliard d’euros »

Michel Delpon, député de la 2ème circonscription de la Dordogne, a récemment créé un groupe d’étude parlementaire en faveur de l’hydrogène. Nous l’avons rencontré à Toulouse lors des journées Hydrogène dans les territoires, et l’avons interrogé sur l’intérêt de cette énergie pour son territoire.

Comment vous êtes-vous intéressé à l’hydrogène ?

Michel Delpon : Mon intérêt pour l’hydrogène vient de loin, car j’étais étudiant en chimie analytique à Toulouse. Après j’ai mal tourné, j’ai fait un diplôme d’œnologue, et j’ai fait ma carrière dans le vin ! J’ai été élu député en 2017, et je me suis rapidement investi dans la commission des affaires économiques. C’est une commission transversale qui travaille tant sur l’économie que sur l’agriculture et l’énergie. Je me suis engagé sur le fait de faire de ma circonscription un territoire vertueux au travers de différentes mesures. L’hydrogène, j’y suis venu naturellement, toujours dans cet esprit de territoire vertueux. J’y ai pensé à travers le train, parce que mon premier dossier compliqué à Bergerac, ça a été de sauver la ligne Bordeaux-Bergerac-Sarlat, qui était menacée de fermeture. Les collectivités locales, l’État et la SNCF ont abondé un budget de 85 millions d’euros pour sauver cette ligne. Je me suis alors dit « mais sortons de cette situation ubuesque par le haut, en proposant un train à hydrogène pour sauver la ligne et apporter à notre département une image moderne et vertueuse ». Il y a un an j’étais considéré comme utopiste et in fine, je me suis battu pour que ce projet puisse devenir opérationnel. Dans cet esprit j’ai participé au niveau gouvernemental à toutes les commissions qui travaillent sur les énergies renouvelables, l’économie circulaire avec Brune Poirson, le solaire et l’éolien avec Sébastien Lecornu, et l’hydrogène avec Nicolas Hulot, jusqu’à la présentation de son plan, qui a été un véritable déclic pour les élus et les citoyens.

Quelles ont été vos actions en faveur de cette énergie ?

Michel Delpon : En huit jours, j’ai démontré par ma présence sur des dossiers que cette énergie devenait opérationnelle. J’ai fait un « H2 tour », c’est à dire qu’avec un vélo à hydrogène j’ai visité les élus de ma région, les maires, les conseillers municipaux d’une dizaine de communes qui m’ont accueilli à chaque étape. J’ai fais une soixantaine de km, dont une partie sur la future voie verte qui est en construction le long de la Dordogne, et pour laquelle la communauté investit 9 millions d’euros. Ça a été un véritable succès, car ça a débloqué les mentalités et suscité l’intérêt des élus de la communauté d’agglomération. J’ai montré que l’hydrogène était exploitable rapidement. Dans la même semaine, je suis allé à Hambourg pour le lancement du premier train hydrogène Alstom, qui lui-aussi est une application clientèle, et non plus une expérimentation. Et les Allemands ont commandé 14 rames, et plusieurs compléments de commande ; ils en sont à 50 trains en commande pour Alstom. Alors maintenant, à nous les élus, les commanditaires des régions et du département de s’engager dans cette voie propre et verte si nous voulons en finir avec la pollution de l’air. C’est pourquoi j’ai créé un groupe parlementaire transpartisan en faveur de l’hydrogène. Une vingtaine de députés issus de différentes régions l’ont rejoint pour le moment.

Quel est le but de ce groupe parlementaire ?

M. D. : Le but est de faire des propositions, de solliciter les régions, d’établir un dialogue avec les territoires et avec le secteur : Afhypac, club des élus, entreprises… Pour ma part, je souhaite développer à Bergerac un cluster d’entreprises sur les EnR. Nous rencontrons des dirigeants de start-ups, nous disposons de terrains disponibles. J’aimerais qu’on puisse également, dans certains lycées techniques ou IUT, créer des formations spécifiques aux EnR et notamment à l’hydrogène. Cela permettrait de fixer la jeunesse sur nos territoires, car elle a tendance à partir vers les grandes métropoles pour faire ses études et pour travailler. Bergerac n’est qu’à 5 km de Bordeaux, mais c’est un bel exemple de comparaison entre une métropole et une ville plus modeste. Conserver sa jeunesse et son dynamisme, c’est un sujet majeur pour la vie dans les territoires ruraux. Et l’hydrogène permet de décentraliser.

Le plan Hydrogène est-il suffisant compte tenu du l’engouement de nombreux territoires ?

M. D. : Non il n’est pas suffisant, c’est un premier budget spécifique à l’hydrogène, et c’est déjà bien car il a servi de révélateur, d’électrochoc en mettant en lumière l’hydrogène de façon concrète. Mais il nous faut plus pour se faire une place à l’échelle mondiale. Les japonais mettent plutôt 2 milliards d’euros de budget dans le domaine, il y a mieux à faire et je pense qu’on se battra pour faire monter ce budget, qui mériterait un demi-milliard d’euros pour la France. Il faut aussi penser aux budgets européens, il nous faut répondre à des appels à projets européens, et que la France puisse faire rayonner son expertise, à l’image des grands pays innovants dans les EnR, comme l’Allemagne, la Chine ou la Corée.

 

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