Histoire,  Le magazine Hydrogenium

La fantastique histoire de l’autobus à hydrogène de Geoffrey Ballard

Il y 50 ans, un homme se baladait dans les rues de Vancouver avec un autobus à hydrogène qu’il avait construit lui-même. Pierre Malbrunot, l’un des fondateurs de France Hydrogène (anciennement AFH2 puis AFHYPAC), nous a raconté cette histoire.

Un pionnier de la pile à combustible
Geoffrey Ballard, né en 1932, était un Canadien très attaché à son pays. Il fut le pionnier de l’adaptation de la pile à combustible à hydrogène à la mobilité électrique. De quoi éliminer les gaz à effet de serre, les polluants et les particules que dégagent nos véhicules...
Diplômé de Génie géologique, durant quelques années, il a effectué de la prospection pétrolière successivement pour Shell Oil et Mobil Oil. Puis, redevenu universitaire, il a préparé une thèse de Sciences de la terre et des planètes. Ensuite comme civil de l’armée américaine, il fut chargé de recherche pour la conservation de l’énergie et en particulier pour les voitures électriques à batterie au plomb. Un thème qui lui apparut être l’avenir, convaincu qu’il était que la motorisation à combustion interne de produits pétroliers devait être retirée de nos rues.
Les batteries au lithium de cette époque ne se rechargent… qu’une seule fois !
Devenu indépendant après avoir démissionné de l’armée, il s’est associé à Ralph Schwartz. Tous deux se sont tournés vers la batterie au lithium plus légère que celle au plomb mais qui présentait l’inconvénient de ne supporter qu’une charge unique de longue durée.

Un projet démarré au fond d’un hangar
D’abord installé en Arizona, Ballard retourne au Canada, à Vancouver où il partage un hangar avec John Herton qui lui, à cette époque, réaménageait le sous-marin Ben Franklin. Avec leurs collaborateurs, ils abandonnèrent la batterie au lithium pour la pile à combustible à électrolyte solide en polymère conducteur de protons. Une pile expérimentée lors du projet de vol spatial Gémini mais qui avait été abandonnée en raison de son assez faible rendement et de son coût élevé. Les améliorations qu’ils apportèrent permirent d’obtenir des piles de plusieurs kW pouvant alimenter un autobus électrique.

L’homme qui se baladait en autobus … à hydrogène
Le prototype d’un tel autobus fut alors construit grâce à l’aide financière du gouvernement de la Colombie britannique. Présenté en 1993, l’autobus fut en démonstration un peu partout lors de manifestations de conférences et de congrès sur l’énergie. C’est à cette époque que collaborant avec des collègues québécois sur l’hydrogène, je me rendais souvent au Canada et ai eu le plaisir de rencontrer à plusieurs reprises Geoffrey Ballard. A Vancouver, j’eu même le privilège de faire une promenade dans la ville à bord de cet autobus qui roulait en ne rejetant que quelques gouttes d’eau !

Naissance d’une start-up nommée Ballard
C’est à cette même époque que Geoffrey Ballard avait fondé l’entreprise « Ballard Power Systems » qui tenta d’assumer, non sans difficultés, l’acheminement de la pile à combustible de laboratoire à celle la mobilité routière. Une application aux véhicules légers depuis acquise en partie par Chrysler et Ford».
Ayant quitté la direction active de sa société en 1998, Geoffrey Ballard créa « General Hydrogen » une entreprise destinée à la production et la distribution d’hydrogène toujours avec la préoccupation qu’il avait de ne faire circuler en ville que des véhicules électriques.
Geoffrey Ballard est décédé en 2008 à l’âge de 76 ans. Sa dernière entreprise fut acquise par « Plug power » une société également spécialiste de la mobilité à pile à combustible à hydrogène. Aujourd’hui les piles à combustible Ballard sont intégrées dans plus de 1400 bus ; c’est une entreprise qui comprend environ 1200 personnes,
4 usines de production, 1GW de produits livrés, et 200 millions de km parcourus.

Pile à combustible Ballard (années 1990)