Aaqius : aujourd’hui l’hydrogène sans infrastructure
La société Aaqius a développé une première mondiale : la cartouche d’hydrogène solide disponible en distributeur. Dès 2019, elle équipera le nouvel aéroport de Dubaï, la région de Marrakech de Tanger au Maroc, la ville de Nanjng en Chine. Son président Stéphane Aver est prêt à la démocratiser si l’investissement de l’État français sert de levier à un déploiement sur le terrain.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l’hydrogène ?
Stéphane Aver : Nous venons de la dépollution des moteurs thermiques, filtres à particules et systèmes SCR Adblue et solide déjà implantée dans des millions de véhicules. Avec Stor-H, une première mondiale, présentée lors du sommet mondial de l’Énergie début janvier 2018, nous marquons une rupture dans le stockage de l’énergie hydrogène avec un nouveau standard, fort de 155 brevets fruits de 10 ans de R&D.
Concrètement, comment fonctionne le standard de distribution Stor-H ?
S. A. : Il s’agit d’un modèle de distribution de cartouches d’hydrogène solide, sans infrastructure. Vous souscrivez à un abonnement, téléchargez l’application et commandez/déposez vos cartouches. Arrivé devant le distributeur du quartier où vous vous trouvez, vous choisissez votre cartouche comme vous prendriez une canette de soda. C’est comme dans une boutique de téléphones portables : selon votre forfait, vous prenez tel ou tel modèle. Cette cartouche est à très faible pression, donc sans danger, et équipe des véhicules allant du scooter aux petites voitures, aux triporteurs jusqu’aux chariots-élévateurs bref l’ensemble des véhicules 2,3 ou 4 roues jusqu’à 1,5 tonne.
Est-ce la fin des stations à hydrogène 700 bars, l’autre standard ?
S. A. : Le standard 700 bar a été développé par Toyota pour les véhicules lourds, à partir d’1,5 tonnes et nécessite des stations-services coûteuses. Le standard Stor-H est complémentaire. Outre la rupture décisive en matière de sécurité, Stor-H se distingue par son faible besoin en investissement par rapport à l’infrastructure obèse du 700 bar.
Pour fixer les idées, 2 stations à hydrogène, telles que celles installées à Paris, coûtent 4 millions d’euros. Pour le même prix, nous installons 700 distributeurs avec un débit en hydrogène 100 fois plus important. Dubaï l’a bien compris et pour son nouvel aéroport de 140 km² prévu pour 2019, ses huit pistes, son centre commercial et son million d’habitants…, il sera équipé en Stor-H. Ajoutons que le réapprovisionnement des distributeurs, peu éloignés les uns des autres, se fait par des véhicules Stor-H, offrant ainsi un bilan zéro carbone.
Enfin il est envisagé de s’appuyer sur le réseau de stations 700 bar, pour implanter un réseau de rechargement de cartouches de proximité, le système est vertueux.
Justement, quelle est votre stratégie de déploiement en France et à l’international ?
S. A. : Nous sommes en train de préparer un fonds d’investissement dédié H-Mobility Fund via la société de gestion AALPS Capital agréée par l’Autorité des marchés financiers début 2017. Des fonds souverains, des institutionnels et des corporate sont déjà pressentis pour investir. Nous allons commencer par une région innovante puis convaincre les autres. C’est ainsi que la France pourra prendre le leadership dans ce domaine. N’attendons pas que les Allemands, les Japonais ou les Chinois développent leur propre stratégie, mais faisons plutôt alliance entre industriels et territoires, dès à présent !
Stéphane Aver est Président d’Aaqius