Hyvolution, à l’heure de la massification de l’hydrogène
Les acteurs de la filière hydrogène se retrouvent à deux moments forts de l’année en France : lors des Journées de l’hydrogène dans les territoires, organisées par l’Afhypac, et lors du salon Hyvolution à Paris. L’édition 2018 du salon a vu son nombre de visiteurs doubler, preuve d’une accélération de l’écosystème.
Pascal Mauberger, président de la société Mc Phy, explique ce record d’affluence par le fait que « ce qu’on disait il y a 5 ou 10 ans est maintenant repris par des très grands acteurs de l’industrie ». Pour l’ancien président de l’Afhypac, dont le domaine de prédilection est la production, « on se dirige vers des plates formes de 20, 30 ou 40 mégawatts et plus encore pour faire de l’hydrogène complètement décarboné et concurrentiel ».
Le passage à grande échelle
Dans les allées du salon, les représentants des collectivités semblent très heureux de voir des villes comme Pau, Versailles, Lens, Béthune, Auxerre et d’autres s’engager vers des bus à haute qualité de service à l’hydrogène. Dans les pays en voie de développement, les collectivités ont besoin de ce type de station pour les bus, ce qui offre un marché intéressant pour les sociétés françaises qui veulent exporter.
En route vers la croissance
Pour Fabio Ferrari, directeur général de l’équipementier en pile à combustible Symbio, « quand on regarde le sujet de l’électromobilité, on voit que les batteries ne suffiront pas. Une voiture à hydrogène produite en quantités coute moins cher qu’une voiture non hydrogène. Le diesel et l’essence vont nécessiter de plus en plus de technologies de dépollution tandis que les voitures à hydrogène sont plus simples à construire, tout simplement ! Quant au stockage par pile à combustible, c’est quelque chose qui, une fois industrialisé, coute relativement peu cher ». Selon le fondateur de la PME devenue un véritable équipementier aujourd’hui, la bonne échelle pour inverser les coûts est de « quelques dizaines de milliers de véhicule ». Et pour faire le plein
« le développement régional est la clé du succès ».
L’échelle régionale est la bonne solution
Comment déployer simultanément infrastructure et véhicules ? Cette question fait débat dans les allées du salon et intéresse particulièrement les équipes de l’Ademe. Selon, Fabrice Boissier, directeur général de l’agence, après une 1ère phase d’accompagnement de 22 projets bénéficiant d’un « petit coup de main de l’Ademe, on entre aujourd’hui dans la 2ème phase : le déploiement des filières pour permettre aux industries de passer au marché ». Les perspectives pour la filière sont ambitieuses : « un grand système hydrogène pour 2035/2050 ». Mais pour l’Ademe, il convient de « bâtir des systèmes qui permettent à tous les secteurs économiques et sociaux de vivre. C’est là où l’hydrogène peut être un élément qui va trouver sa place, avec une pertinence économique et environnementale ».
L’hydrogène sur la trajectoire des régions à énergie positive en 2050
Pour Nadia Pellefigue, vice-présidente de la région Occitanie, « nous sommes dans la nécessité de trouver des relais de croissance pour nos industries, notamment avec la transition énergétique. Nous sommes à la recherche d’une chaîne de valeur intégrée qui aille de la production aux usages, avec notamment la question du stockage, des bus hydrogène … » Selon l’élue, c’est dans le « frottement entre les laboratoires de recherche et nos industriels » qu’on parviendra à l’innovation qui trouvera un modèle économique. Pour y parvenir, elle rappelle que le rôle de la collectivité, « c’est de stimuler les consortiums via des appels à projets et de passer le gap entre le projet académique et sa traduction économique ». Philippe Boucly, nouvellement nommé à la présidence de l’APHYPAC, pense quant à lui que « maintenant que l’idée de l’hydrogène est dans les têtes, il faut s’organiser ». Il a profité de cet évènement pour annoncer aux représentants de la filière la date des prochaines Journées de l’hydrogène dans les territoires qui auront lieu les 26 et 27 septembre 2018 à Toulouse.Nous espérons chères lectrices et chers lecteurs, vous y retrouver nombreux pour ensemble applaudir les lauréats des Trophées de l’hydrogène désignés à cette occasion.