Tupigny : la mobilité hydrogène au service de la population rurale
La mairie de Tupigny, village de 350 âmes dans l’Aisne, a choisi VDN pour installer des éoliennes sur son territoire, et surtout fournir en hydrogène deux véhicules à disposition de ses habitants. La commune espère bien ouvrir la voie et, qui sait un jour, alimenter son bus scolaire et ses tracteurs.
Pourquoi avez-vous décidé de développer l’éolien dans votre commune ?
ean-Luc Egret : Entourés de parcs éoliens, nous nous sommes dit que cela pouvait améliorer notre budget municipal qui rétrécit comme une peau de chagrin. VDN m’a proposé cette étude et nous avons agréablement surpris par la qualité du projet et le fait qu’on puisse produire de l’électricité, avec le parc éolien, pour des véhicules. Quand nous l’avons présenté au conseil municipal à la commission adéquate, nous avons rencontré une approbation sans réticence. Nous sommes un département économiquement très pauvre. Toute ressource qui apporte un revenu supplémentaire suscite un intérêt indéniable.
En quoi inclure l’hydrogène vous a permis de gagner cet appel d’offres ?
Nicolas Ugalde-Lascorz : Nous sommes développeurs éoliens et solaires depuis plus dix ans et voulions montrer à la population et aux élus ce qu’était l’hydrogène et ce qu’il représentait pour nous. Nous avons donc mis en place ce démonstrateur avec ces deux véhicules en autopartage pour l’ensemble des 350 habitants.
Avez-vous rencontré des résistances sur le terrain ?
J.-L. E. : S’il y a eu des réunions des anti-éoliens, je n’en ai pas entendu parler. Il en existe sur le secteur, mais, pour le moment, ils n’ont pas montré d’agressivité. Tout se passe bien et je veux croire que les éoliennes vont se monter. Comme on dit chez nous, si vous n’y croyez pas, vous ne le faites pas. Ces grandes hélices font en outre désormais partie du paysage.
Quelle méthode avez-vous suivi pour convaincre du bien-fondé de votre démarche ?
N. U.-L. : Nous avons organisé deux réunions publiques pour expliquer l’hydrogène car cela reste encore un concept nouveau pour la majorité de nos concitoyens. Quand la commune a souhaité avoir son propre parc, nous lui avons proposé de l’éolien autrement, à savoir un moyen de faire de la mobilité au service de la population rurale. Dès que le conseil municipal a approuvé ce projet, nous avons envoyé un questionnaire aux villageois pour connaître leurs besoins et leurs utilisations. Avec leurs réponses, nous avons pu configurer et dimensionner les véhicules. Ils ont tous un véhicule personnel dont ils se servent pour aller travailler, mais ils ressentent également la nécessité d’une deuxième voiture pour aller à la Poste ou acheter une baguette.
À quels autres usages pensez-vous et comment communiquez-vous sur cette innovation auprès de vos collègues élus locaux ?
J.-L. E. : Nous possédons une régie de transport avec notamment un gros et vieux bus scolaire de 60 places qui ramasse les enfants de trois villages. Si le prochain bus peut fonctionner avec de l’hydrogène, ça me va ! Cela peut également être la porte ouverte chez les agriculteurs du coin avec leurs tracteurs et leurs tondeuses. Sinon, en tant que président de l’union des maires du canton, la médiatisation fait que nous en parlons fréquemment. Beaucoup m’ont dit qu’ils étaient intéressés par une démonstration. Nous avons prévu d’organiser quelque chose et nous inviterons tout le monde !
D’autres édiles se sont-ils déjà montrés intéressés pour répliquer le système chez eux ?
N. U.-L. : Lorsque nous avons lancé le démonstrateur, ils étaient tous surpris ! Un conseiller départemental estomaqué m’a demandé : « Pourquoi n’a-t-on pas fait cela avant ? Pourquoi ne renouvellerait-on pas la flotte des véhicules administrations du conseil départemental ? » Ce n’est que le début en effet ! Bientôt, nos collectivités auront besoin de minibus, de cars, de bateaux avec des infrastructures au plus près des habitants et branchées sur le réseau local.
Nicolas Ugalde-Lascorz est Directeur Général de Vents du Nord
Jean-Luc Egret est Maire de Tupigny (Aisne)