Carole Delga : « L’Occitanie, première région à énergie positive d’Europe d’ici 2050 »
La région Occitanie, hôte des prochaines journées de l’hydrogène dans les territoires, se positionne depuis plusieurs années en faveur des énergies renouvelables, et n’a pas attendu le Plan hydrogène pour développer sa filière. Carole Delga, présidente de la région, revient pour Hydrogenium sur la stratégie locale.
L’Occitanie Pyrénées Méditerranée s’est dotée d’une marque pour l’animation hydrogène avec HyDéO. Qu’en est-il du savoir-faire et de la richesse industrielle et académique de la filière hydrogène locale ?
Carole Delga : C’est par le levier industriel et par l’engagement dans la transition énergétique que l’intérêt d’un positionnement sur la filière hydrogène a émergé dans notre région. En effet, dans le cadre de la Stratégie Régionale de l’Innovation, les acteurs industriels et académiques se sont regroupés pour demander une démarche structurée sur ce thème. La marque HyDéO est l’aboutissement de ce travail collectif qui a bénéficié d’une collaboration très fructueuse entre l’Ademe et la région.
Parmi les acteurs régionaux, il faut citer le laboratoire Laplace pour le test de vieillissement des piles à combustibles et électrolyseurs, l’ICGM pour l’étude des composants, l’École des Mines d’Albi pour la production d’hydrogène par gazéification, le LISPB de Toulouse et l’INRA de Narbonne sur la production d’hydrogène par voie biologique, le CEA Tech.
Les acteurs de l’industrie aéronautique, Safran Power Unit et Liebherr Aerospace, jouent aussi un rôle moteur. Les acteurs de la mobilité sont présents avec la Safra qui a développé le 1er bus français hydrogène, à Albi, le site Alstom de Tarbes qui travaille sur l’intégration des piles à combustibles dans le train Allemand iLint. Les acteurs de l’énergie sont également mobilisés autour du projet SAS HyPort, porté par l’AREC (agence régionale Energie Climat) et Engie Cofely, et qui vise à développer des sites de production/distribution dans les zones aéroportuaires.
À cela s’ajoute un tissu de PME innovantes comme l’entreprise Bulane à Montpellier en pointe sur la flamme hydrogène. L’animation HyDéO vise à consolider l’émergence de cette filière industrielle et à favoriser de nouvelles offres de produits et services.
Quelle est votre stratégie, comment comptez-vous mettre à profit le Plan hydrogène lancé par M. Nicolas Hulot ?
C. D. : L’Occitanie a pour ambition de devenir la première région à énergie positive d’Europe d’ici 2050. Dans notre stratégie REPOS (Région à énergie positive), 20 % de la future production éolienne de la région serait utilisé pour faire de l’hydrogène par électrolyse, soit 4 000 GWh.
L’Occitanie est la première région française à identifier aussi clairement l’hydrogène dans son scénario de transition énergétique.
L’animation HyDéO a été mise en place pour atteindre cet objectif mais également pour améliorer la connaissance du vecteur hydrogène, développer le réseau d’acteurs et favoriser des projets innovants autour du biohydrogène, du stockage, de l’écotourisme et de la mobilité.
Le Plan Hulot a pour vocation d’accompagner le déploiement des infrastructures de production et de distribution d’hydrogène notamment dans l’industrie et pour les écosystèmes de mobilité.
L’animation HyDéO présente l’avantage d’avoir identifié un réseau d’acteurs prêts à s’engager. Ce Plan arrive donc à point nommé pour les accompagner, notamment financièrement avec les appels à projet attendus à l’automne.
Vous allez accueillir les journées 2018 de l’hydrogène dans les territoires. Qu’en attendez-vous ?
C. D. : C’est l’occasion de réunir tous les acteurs et de faire un état des lieux de l’hydrogène en France. La filière a fait un formidable bond en avant ces dernières années, notamment avec l’appel à projet « Territoires Hydrogène » lancé en 2016. Il sera intéressant de partager les bonnes pratiques d’accompagnement de la filière mais aussi d’échanger avec les territoires non-encore positionnés sur l’hydrogène et qui souhaitent s’engager dans cette voie.
Pour l’Occitanie, c’est une fierté de contribuer à ce progrès et au partage d’expérience. Nous serons fiers de permettre à nos entreprises de présenter leurs savoir-faire. Les participants pourront découvrir la Plateforme PACAERO du laboratoire Laplace, celle du CEA Tech, visiter l’entreprise Safra et la SEM Eveer’Hy’Pôle, l’entreprise Tryfil, pionnière sur le sujet en région !
Quelle est votre stratégie pour développer la formation sur votre territoire ?
C. D. : Les universités de la région et les écoles d’ingénieurs sont déjà positionnées sur le sujet de l’hydrogène, à l’image de l’école des Mines d’Albi ou encore de l’école d’ingénieurs Sup’EnR de Perpignan. D’autres formations sont en cours de développement à l’ENI (Tarbes) et à l’ENSIACET (Toulouse).
Des formations sont également, dispensées aux professionnels comme celles de la SEM Eveer’Hy’Pôle à Albi qui affiche une vraie compétence notamment sur la maintenance.
En termes de stratégie, il s’agit pour nous de mieux faire connaître les formations existantes mais également d’identifier et d’anticiper les besoins futurs. Le Pôle de compétitivité DERBI nous accompagne sur ce volet et a travaillé sur une étude emplois/compétences co-financée par la DIRECCTE et la région. Cette étude intègre la filière hydrogène et ses résultats nous permettront d’affiner notre travail de construction d’une offre de formation adéquate.