Tribune : L’agence européenne de l’hydrogène et des piles à combustible soutient l’innovation
Le 7 décembre 2017, le FCH JU (European Fuel Cell and Hydrogen Jot Undertaking) a inauguré la première station hydrogène en zone aéroportuaire. Conçue par Air Liquide, elle se situe à l’aéroport Paris-Orly et vise à accompagner le déploiement des taxis « Hype », soit la plus grande flotte de voitures au monde roulant à l’hydrogène. Bart Biebuyck, le directeur exécutif de FCH JU, explique les enjeux de cette initiative.
C’est ce type d’initiative que nous soutenons dans le but de développer et de déployer les technologies PAC et hydrogène pour une mobilité et un système énergétique propre et durable. Reconnaissant les énormes avantages de ces technologies innovantes, l’Union européenne agit et déploie des efforts pour rassembler les acteurs tous azimuts et afin de faciliter et d’accélérer la mise sur le marché des solutions à hydrogène à travers l’Europe et donner plus de moyens aux villes pour s’adapter aux exigences du changement climatique et de la qualité de l’air.
Établi en 2008, le FCH JU est un partenariat public-privé voué à l’exécution de travaux de recherche et d’innovation en vue de l’entrée à grande échelle des technologies de l’hydrogène sur le marché européen. Concrètement, nous opérons sous le programme de recherche de l’Union européenne « Horizon 2020 » et mettons en place un plan de financement via des appels à projets annuels pour soutenir la recherche et le développement dans le domaine de l’hydrogène et des piles à combustible.
Aujourd’hui, 203 projets sont financés grâce au FCH JU. Sur la base d’efforts communs, nos projets prévoient la mise sur le marché de près de 1 600 voitures à hydrogène, 200 bus, et 90 stations de recharge, parmi tant d’autres applications. Si le volet transport demeure le plus connu du public, rappelons toutefois que les avantages de ces technologies s’appliquent à une série d’autres applications dont la production d’électricité et de chaleur et ce, toujours sans production d’émissions nocives, de façon silencieuse et avec une grande efficacité. De plus, ces technologies présentent un grand potentiel en termes de stockage des EnR, et permettent aussi de dépolluer les secteurs industriels. Elles présentent donc une superbe alternative aux énergies fossiles et s’installent parfaitement dans un contexte de transition énergétique.
Le secteur de l’hydrogène et des piles à combustibles en Europe est très fragmenté de par le fait qu’il couvre une série d’applications très diverses. Cette dispersion peut freiner un déploiement efficace par le manque de coordination des activités. Il est donc nécessaire de stimuler et d’assurer une collaboration active entre partenaires industriels et académiques et surtout de regrouper les ressources sur une plateforme commune. Le FCH JU offre cette plateforme et encourage à une plus grande coordination des efforts, notamment en mettant en place un cadre sécurisant aux PME et guide la recherche scientifique par les besoins industriels et donc ceux du marché.
En ce qui concerne le soutien aux PME, nous en faisons l’une de nos principales priorités et nous nous assurons d’impliquer toujours plus ces sociétés innovantes dans son programme. Notre structure tripartite joue un rôle unique dans l’établissement d’un réseau industriel grandissant en Europe. Presque un tiers du financement engagé par notre programme est destiné directement aux PME, leur permettant de s’impliquer davantage dans des projets novateurs et au potentiel de marché élevé. Ainsi, est stimulée encore davantage la compétitivité du secteur privé en Europe.
La France est un acteur important du programme. Aujourd’hui, des groupes industriels comme Air Liquide, Michelin, ou Engie, des PME innovantes telles Symbio, McPhy, ou Mahytec, des centres de recherches de renommée mondiale comme le CEA ou le CNRS, font partie des bénéficiaires du programme. Neuf villes et régions françaises ont signé le mémorandum sur l’hydrogène dans les régions d’Europe. Plus d’une centaine de projets vont permettre dans le futur de déployer les premiers bus à hydrogène en France – à Pau par exemple – et de poursuivre les déploiements déjà engagés pour les voitures ou les chariots élévateurs.
Si de nombreux produits sont déjà sur le marché, leur déploiement à grande échelle est encore freiné par les prix de vente plus élevés que les produits traditionnels. Cependant, le soutien du FCH JU et la mise en commun de fonds publics et privés permettent de baisser les coûts de production et de faire décoller ce marché en rendant les technologies de l’hydrogène et des piles à combustible de plus en plus compétitives.
Bart Biebuyck est Directeur exécutif du European Fuel Cell and Hydrogen Joint Undertaking (FCH JU)