Philippe Boucly : « l’hydrogène doit être reconnu comme un élément indispensable à la réussite de la transition énergétique »
Philippe Boucly, Président de l’Afhypac, décrypte pour Hydrogenium les attentes de la filière.
Comment l’Afhypac va-t-elle prendre part au plan hydrogène ?
Philippe Boucly : L’Afhypac va y prendre part, bien sûr, mais elle a déjà pris part à la conception du plan hydrogène. Dès que le ministre a transmis sa lettre de mission à la DGEC et au CEA, un groupe d’une dizaine de sociétés, l’Afhypac et le CEA ont demandé au cabinet de conseil McKinsey de nous accompagner pour mener une étude prospective sur ce que pourrait être l’hydrogène en 2050. Nous avons dégagé des jalons qui s’intègrent dans la PPE, en 2023 et en 2028. C’est le sens de l’étude prospective que j’ai présentée à Hyvolution, et qui indique qu’en 2050, l’hydrogène pourra générer des revenus de 2,5 trillions de dollars, tout en employant 30 millions de personnes. L’hydrogène pourrait permettre de réduire de 20 % les émissions de CO2 d’ici 2050. Nous avons conçu cette étude comme une contribution au plan de Nicolas Hulot, et dans la mesure où le CEA est des deux côtés, je crois savoir que ça a inspiré ce plan. Par ailleurs, beaucoup de nos membres ont été interviewés par le CEA pour la réalisation du plan.
Qu’est-ce que vous attendez du plan Hydrogène ?
P. B. : Nous attendons que l’hydrogène soit clairement reconnu comme un élément indispensable à la réussite de la transition énergétique. La reconnaissance que nous attendons pourrait se traduire de plusieurs façons : il nous faut des objectifs clairs et ambitieux affichés dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie, et dont on puisse mesurer la progression. Nous voulons des avancées et des certifications sur le plan réglementaire ainsi qu’un système de garanties d’origines. Il faut notamment des avancées au niveau de la compétence des régions. Pour le moment, elles ont le droit de définir une stratégie générale de mobilité mais elles n’ont pas les moyens de créer des sociétés pour organiser la mobilité au niveau de la région. En termes de moyens, nous souhaitons des mesures d’accompagnement financier, car ce sont des technologies émergentes, et s’il n’y a pas un coup de pouce significatif, ces technologies n’avancerons pas. Nous militons pour la création d’un fonds qui, à l’instar du fonds chaleur, pourrait être géré par l’Ademe. Une autre mesure que nous envisageons, c’est un suramortissement pour les véhicules hydrogènes, ce qui existe déjà pour les véhicules à gaz comprimé.
Nous souhaitons des mesures pour développer la filière, à travers une thématique hydrogène identifiée dans le PIA 3. Nous souhaitons également une aide pour la création d’un centre de certification. Cela peut paraitre anodin, mais à l’heure actuelle, les industriels nous disent qu’ils sont obligés d’aller faire leur homologation en Pologne ou en Allemagne. Il serait bon que l’on ait un centre en France. Il faut que les services rendus par l’hydrogène au réseau énergétique soient mieux appréciés et plus reconnus, ce qui relève de l’intégration de l’hydrogène dans le système énergétique. Nous soutenons que l’hydrogène peut rendre des services en permettant par exemple de différer le renforcement de lignes, en permettant le stockage de l’énergie renouvelable variable. La reconnaissance passe enfin par une place pour l’hydrogène dans les comités stratégiques de filière et au conseil national de l’industrie.