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Innovations

Anne Rigail : Les SAF, carburants durables essentiels pour décarboner l’aviation

Renouvellement des flottes, SAF* et éco-pilotage : celle qui éco-pilote la compagnie Air France nous explique pourquoi ce triple enjeu est essentiel à la décarbonation des flottes.

AIRFRANCE Anne Rigail
Anne Rigail Directrice générale d’Air France

Mettre du SAF dans les avions
Du SAF dans nos avions, on en met déjà un petit peu : 1 %. Avec ce 1 %, on a consommé 17 % de la production mondiale de SAF en 2022, alors qu’on ne consomme que 3 % du kérosène. C’est juste le début de l’histoire. Les volumes sont tout petit. On s’est engagé à aller un peu plus loin que la réglementation européenne, qui prévoit progressivement de 2 % en 2025 à 6 % en 2030. Pour être un peu crédible sur une trajectoire de décarbonation qui soit cohérente avec les accords de Paris, il faut en mettre au moins 10 %. Quand on regarde les volumes de produits, on voit qu’il faut pousser la filière à se structurer. Inciter à ne pas seulement avoir des carburants durables qui sont issus de la biomasse, mais justement, commencer à inciter à avoir de la production de carburant durable synthétique. Et là on boucle avec le fait que l’hydrogène ( H2 ) est effectivement la molécule qui permettra de faire du carburant synthétique. On estime que si on veut décarboner l’aérien à terme en 2050, 2/3 du carburant devrait être du carburant synthétique. C’est facile à dire, très compliqué à faire.

Se fournir en SAF
Une compagnie aérienne, il vaut mieux qu’elle se fournisse là où elle décolle. En France, le SAF reste cher. Je crois qu’on est entre 4 000 et 5 000 € la tonne. Aux États-Unis, on en trouve à 2 000 € la tonne parce que les subventions américaines au niveau fédéral, au niveau des États sont très importantes. On prépare l’avenir, avec ces e-fioul, ces carburants synthétiques. Il y a 3 projets de carburant synthétique en France. J’ai regardé le nombre de projets en Allemagne il y en a 14. La course est vraiment lancée. Les énergéticiens, avant de mettre 500 ou 700 millions dans une unité de production, ils vont se poser des questions : sécuriser, nous demander de sécuriser les prix. Nous, quand on projette les 10 % de carburant durable dont on aurait besoin, c’est plus d’un milliard d’euros pour Air France à l’horizon 2030. La vraie question, c’est comment on intègre ça dans notre business model et comment on fait avec derrière nous avec les aides pour que la concurrence reste jouable puisqu’on est un acteur international dans une concurrence ouverte et internationale.

Aux rencontres de Roissy Meaux Aéropôle
Olivier Andriès, Guillaume Faur, Anne Rigail, Joël Navaron et Jean-François Copé au dos

Quantifier le renouvellement des flottes
On n’a pas attendu la prise de conscience environnementale pour renouveler les flottes. Nous, quand on regarde entre 2005 et 2019 : sur Air France, on a baissé en valeur absolue nos émissions de CO2 alors qu’on a croisé notre trafic de 32 %. On voit bien que cette logique d’optimisation a fonctionné avant, mais maintenant, il faudrait doubler le rythme de baisse en valeur absolue. Ça passe par toujours le renouvellement des flottes, car c’est quand même le levier qui fonctionne aujourd’hui. On le met au maximum et ça coûte cher : un milliard par an à peu près qu’il faut rajouter au coût des carbonation dues aux SAF. Il faut définir en tant qu’industrie du transport aérien des objectifs à court terme et pas seulement le long terme management qui est déjà quelque chose d’extraordinaire à 2050. Il faut faire tout ce qu’on sait faire dans une compagnie aérienne :
aider par les logiciels d’optimisation l’éco pilotage, c’est 4 à 5 % et chaque petit pourcentage compte. L’éco pilotage, c’est couper un moteur quand on est en roulage [par exemple]. Je crois qu’aujourd’hui 60 % à 70 % sur nos long-courriers, des pilotes le font, 90 % sur les moyens courriers. C’est aussi d’optimiser les trajectoires avec des logiciels, un peu d’intelligence artificielle, pour effectivement essayer d’avoir la trajectoire la plus optimale en termes de consommation. C’est aussi d’avoir des trajectoires qui minimisent la formation de nuages de condensation. On voit qu’on a beaucoup de leviers également sur la façon de piloter et on a des pilotes qui sont totalement motivés par ce genre d’économie.

*SAF : sustainable aviation fuels

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