Jean-Luc Fugit : L’objectif principal reste le climat et la qualité de l’air
La conférence annuelle Horizon Hydrogène constitue l’un des temps forts de l’agenda hydrogène. À cette occasion, nous avons rencontré le député du Rhône – docteur en pollution de l’air – qui souhaitait s’exprimer sur le rôle de l’H2 dans la « défossilisation » de notre société.
Au Parlement, on suit de près ce que le Gouvernement veut faire en matière d’hydrogène. Il faut bien voir que cette stratégie (nationale hydrogène) s’intègre dans une stratégie plus globale. De temps en temps, quand on est dans l’action publique, pour laquelle vous aussi vous agissez, il faut parfois se poser la question : « Pourquoi on fait ça ? »
Et dans le pourquoi, il faut se dire : « Quel est l’objectif ? ». Je rappelle que le principal : c’est quand même la diminution des émissions de CO2 et l’amélioration de la qualité de l’air. C’est à dire la santé respiratoire de nos concitoyens. On fait ça pour le climat et pour notre santé respiratoire. Ça c’est l’objectif.
Ensuite, on y va par différents chemins et, dans ces chemins, il y a l’hydrogène, qui de mon point de vue est un vecteur énergétique intéressant.
On suit ça de près.
Cette année, j’aurai bien voulu qu’on aille un peu plus loin. Je suis un peu fatigué de ce débat : hydrogène à partir des énergies renouvelables ou hydrogène à partir du nucléaire. Il faut un petit peu arrêter cette discussion :
l’hydrogène et les électrons, qu’ils soient d’origine renouvelable ou d’origine nucléaire, le bilan carbone y est très bon. Dans les 2 cas, il faut y aller. Par rapport à nos partenaires européens, il serait mieux qu’on revienne à quelques fondamentaux : le bon sens et la science. Notre politique, celle que nous portons au Parlement au sein de la majorité, on n’est pas pro renouvelable, on n’est pas pro nucléaire. On est tout sauf pour les fossiles. On n’oppose pas à renouvelable le nucléaire. On n’oppose pas les renouvelables d’entre elles et en gros on n’oppose pas les molécules aux électrons. Et quand on a compris ça, le vecteur énergétique hydrogène, pour nous, il est extrêmement important. C’est la raison pour laquelle, avec certains de nos collègues, nous nous sommes investis dans des groupes de travail et notamment ceux qui ont permis de réfléchir en termes d’innovation, etc.
On est nombreux à penser à l’hydrogène pour défossiliser. D’ailleurs, on devrait moins parler de décarbonisation et plus de défossilisation. C’est le vrai sujet. On doit s’appuyer sur des données scientifiques. Ce qu’il faut, c’est aller vite. Il faut le faire dans tout ce qui est possible en industrie et aussi sur la mobilité. Il y a aussi un sujet autour du bâtiment. Il y a des chercheurs de très haut niveau qui travaillent dans ce pays avec des financements publics, qui ont fait des choses assez extraordinaires. Et je pense qu’on devrait se dire : « je vais aller regarder ». On a identifié aussi un sujet à suivre, c’est l’H2 naturel. Là, il faut être extrêmement prudent. Il faut aller voir ce qui se passe. Quels sont les gisements ? Comment on pourrait les exploiter ? Aller regarder scientifiquement ce qui se passe.
Je pense qu’il ne faut pas mettre sur le papier que la défossilisation de l’activité industrielle. Je pense qu’en mobilité, il y a des choses à faire au-delà de la mobilité lourde. Du côté de la voiture particulière, on peut se dire que ce n’est peut-être pas la panacée, mais que c’est important de se poser les bonnes questions. Et pourquoi ne pas regarder ce qui se passe du côté du bâtiment ?