Plan Hydrogène, l’exemple du Japon
Si la France lance aujourd’hui son plan hydrogène, d’autres pays n’ont pas tergiversé aussi longtemps pour mettre en œuvre le leur. Voici le plan du Japon pour développer l’hydrogène d’ici 2030 et au-delà.
Fin 2017 le gouvernement nippon a annoncé sa stratégie Hydrogène. Ce plan dont l’échéance est fixée à 2030 et au-delà repose sur deux points clés : le développement international de chaines logistiques et le développement national du power to gaz, pour la fabrication d’hydrogène par des EnR. L’objectif est bien la zéro émission dès la fabrication, soit de l’hydrogène vert, et les volumes de fabrication d’hydrogène seraient de 300 000 tonnes par an. Ce volume important entraînera une baisse du coût de production, le faisant approcher de 3 dollars par kilo. Le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie du Japon (METI) prévoit que l’électricité produite par hydrogène soit d’un prix de 17 yens par kilowatt/heure, soit 12 centimes d’euro environ.
Dans le domaine de la mobilité, 100 stations-services à hydrogène sont opérationnelles ou en construction. Il y en aura 160 pour les Jeux Olympiques, en 2020, et 900 stations seront disponibles en 2030. Il existe aujourd’hui 25 000 véhicules à hydrogène en circulation au Japon, les prévisions pour 2020 seront d’en voir 40 000 sur les routes et 800 000 en 2030. Les bus figurent parmi les véhicules les plus attendus. Un bus consomme l’équivalent de 45 véhicules hydrogène.
Actuellement, les coûts des stations constituent la limite principale au développement de l’hydrogène, mais avec l’utilisation de bus, cela entrainera de fait une consommation en quantité importante et surtout régulière dans les stations. Sachant qu’une station coûte au Japon de 3 à 4 millions d’Euros, le bus est l’élément clé qui ouvre le marché, permettant d’atteindre le point de rentabilité et d’amortissement. Actuellement seuls deux bus à hydrogène circulent à Tokyo, mais une centaine sont attendus pour 2020 et 1200 seront livrés en 2030. Si de prime abord, ces commandes limitées ne semblent pas très ambitieuses pour un pays phare dans le domaine de l’hydrogène, elles sont néanmoins suffisantes pour déclencher le marché d’un hydrogène à faible coût, donc compétitif face aux carburants fossiles. Le nombre de chariots élévateurs est quant à lui plus ambitieux. Actuellement au nombre de 40 unités, ils passeraient à 500 en 2020 et 10 000 en 2030 !
La surprise du plan vient d’un marché encore inconnu en France, c’est la chaudière qui permet la fabrication d’électricité dans un logement individuel grâce à une pile à combustible de marque Ene-farm. 230 000 foyers sont déjà équipés de ce type de chaudières et les objectifs prévoient à terme 5 300 000 unités dans les logements japonais : un foyer sur dix en sera équipé. L’archipel est très dépendant des importations d’énergies fossiles, au point de figurer à la 32ème place sur 34 en la matière selon le classement de l’OCDE. Avec ce plan, le Japon, qui a besoin de baisser ses émissions de CO2, s’avance au travers de la décentralisation vers la première place de la liberté énergétique. Ce qui a permis ce plan, et ce dès l’arrêt de la quasi-totalité des centrales nucléaires depuis l’accident de Fukushima de 2011, c’est la mobilisation et l’effort du Gouvernement, des collectivités et des entreprises en recherche & développement, pour produire de l’hydrogène via des méthodes diversifiées mais toujours vertes.
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