Tribune : Hydrogen Europe veut accélerer le déploiement de l’industrie verte
De la PME à la multinationale, en passant par les instituts de recherche, Hydrogen Europe représente plus de 110 entreprises industrielles, 70 organisations de recherche et 9 associations nationales pour promouvoir l’hydrogène dans les secteurs de la mobilité et de l’industrie. Elle est associée au FCH JU pour accélérer l’introduction sur le marché des technologies propres dans les secteurs de l’énergie et des transports.
L’hydrogène est en passe de devenir l’un des principaux vecteurs énergétiques du XXIe siècle. Avec les EnR, il offre une base solide pour le développement de l’économie de l’énergie du futur. Grâce à ses caractéristiques particulières, la technologie de l’hydrogène est en mesure de contribuer à l’atteinte des objectifs climatiques que s’est fixés l’Europe pour 2050, et de les traduire en activités économiques.
L’hydrogène est en effet le composant clef du futur des systèmes énergétiques qui va permettre d’accélérer la transition vers des systèmes 100 % décarbonés notamment pour résoudre la problématique de l’intermittence des EnR et la décarbonisation rapide vers le « zéro émission » des systèmes actuels de transport et d’énergie. Il présente des opportunités en termes de création d’emplois, de leadership technologique, et de protection de l’environnement pour l’Europe.
L’économie de l’hydrogène est d’ores et déjà un marché qui se chiffre en milliards d’euros à l’échelle mondiale. Il est aujourd’hui principalement utilisé pour la production de carburants (50 % du marché), de fertilisants (43 %) et différents processus industriels (6 %) comme la production du verre, du fer, ainsi que de divers produits alimentaires comme la margarine par exemple. D’autres usages de l’hydrogène existent mais sont encore marginaux à l’échelle mondiale avec 1 % du marché, comme la propulsion de véhicules, la production d’électricité et de chaleur à usage commercial et résidentiel, le stockage d’EnR sous forme d’hydrogène, ou la substitution de gaz naturel par de l’hydrogène dans des applications industrielles et domestiques.
Ces usages sont cependant amenés à croître pour quatre raisons, car ils offrent :
- Une solution de stockage saisonnier des EnR en grandes quantités pour favoriser la valorisation des énergies locales en Europe et limiter la dépendance énergétique ;
- Une solution d’électromobilité avec un temps de recharge rapide, particulièrement bien adaptée pour les véhicules électriques lourds ou à rotation fréquente.
- Cette électromobilité à base d’hydrogène présente aussi un fort potentiel pour l’emploi et la prospérité en Europe. L’hydrogène vert offre une densité énergétique plus élevée que les électrons verts stockés dans les batteries actuelles et fournit donc une autonomie plus grande pour des applications transports et énergie.
- Une solution de décarbonisation des procédés industriels par l’utilisation d’hydrogène vert (produit à partir d’EnR) notamment dans l’industrie chimique et sidérurgique.
- Une capacité de décarbonisation du chauffage et de la climatisation des bâtiments par l’utilisation d’hydrogène vert (produit à partir d’EnR) combiné au gaz naturel dans les chaudières au gaz existantes, ou directement dans des piles à combustibles domestiques.
D’ici à 2050, l’hydrogène peut contribuer à la décarbonisation des flux globaux d’énergie dans le monde à hauteur de 20 %. Il s’agit maintenant de savoir où se situera la position de l’Europe en ce qui concerne l’utilisation de ce nouveau vecteur énergétique. Allons-nous importer les technologies ou allons-nous créer une nouvelle industrie d’exportation ?
Jusqu’à présent, l’UE a pris la tête, avec des entreprises exportant leurs technologies vers les États-Unis, la Corée et le Japon, mais pour combien de temps l’UE restera-t-elle un pionnier du secteur, ce qui nécessite un soutien à l’échelle européenne, mais également aux échelles, nationales, régionales et locales ?
Afin d’accélérer le déploiement des technologies hydrogène et piles à combustibles en Europe ainsi qu’aux niveaux régionaux et locaux, Hydrogen Europe, conjointement avec le FCH JU, a créé une nouvelle initiative visant à aider les régions/villes à développer des projets dans les secteurs de l’hydrogène et piles à combustibles et à rassembler autour l’industrie européenne.
L’initiative vise à :
- Soutenir les régions à évaluer les applications hydrogène et piles à combustibles dans les analyses de rentabilisation et à évaluer leur potentiel ;
- Identifier et optimiser l’utilisation des différentes options de financement par le partage d’informations sur les options de financement/financement des projets hydrogène et piles à combustibles public-privé :
- financement public au niveau européen, national et régional ;
- financement privé ;
- Soutenir les régions/villes dans la promotion de la technologie ;
- Développer des feuilles de route et des concepts pour préparer et mettre en œuvre des projets de déploiement à partir de 2018.
- Parmi les nombreuses régions qui établissent une feuille de route hydrogène, nous sommes fiers d’avoir une région championne française à savoir la région Auvergne-Rhône-Alpes qui vient de recevoir la confirmation de l’UE que 10,1 millions d’euros contribueront à l’installation de 20 points de rechargement en hydrogène et 1 000 véhicules équipés de piles à combustibles à hydrogène.
C’est une excellente nouvelle ! Et nous attendons avec impatience des projets plus concrets dans les prochaines années, mais qui devrons aller de pair avec des décisions législatives qui permettent à l’industrie de prospérer. De multiples applications de cette nouvelle technologie sont déjà présentes aujourd’hui dans nos vies quotidiennes. Toutefois, bon nombre des opportunités offertes par l’hydrogène n’ont pas été exploitées, notamment en raison des barrières réglementaires ou législatives.
Une adaptation de la Directive sur les EnR est actuellement débattue au niveau européen. Il nous apparaît primordial que le futur texte mette les différentes technologies sur un pied d’égalité, dans la mesure où elles permettent, à la fois l’intégration des énergies renouvelable dans le secteur des transports par exemple, ainsi que la décarbonisation de la mobilité et en outre, de pousser à la création d’une industrie verte dans les régions françaises et européennes.
Jorgo Chatzimarkakis est Secrétaire général d’Hydrogen Europe