Selon Nicolas Hulot, l’hydrogène est écologiquement et techniquement durable
Très présent au Parlement cet été, et au début de l’automne, Nicolas Hulot s’est rendu, les 18 juillet, 25 et 26 septembre 2017, dans deux commissions : affaires économiques dans les deux chambres et développement durable à l’Assemblée. Le ministre d’État y a évidemment cité l’hydrogène.
Au Palais-Bourbon
Saisie pour avis, la commission des affaires économiques s’est penchée, le lundi 25 septembre 2017, sur le projet de loi mettant fin à la recherche ainsi qu’à l’exploitation des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels et portant diverses dispositions relatives à l’énergie et à l’environnement.
Le député de la 3e circonscription du Doubs, Denis Sommer, au fait du tissu local de par ses deux autres mandats de conseiller municipal du Grand Charmont et de conseiller communautaire du Pays-de-Montbéliard, retrace l’histoire de l’H2 : « Il y a encore cinq ans, lorsque nous parlions du développement de l’hydrogène comme vecteur énergétique, on nous prenait pour des fous ! » Et le président du groupe d’amitié France-Bosnie-Herzégovine de poursuivre : « Or, des industriels, des universitaires, travaillent actuellement sur des projets d’utilisation de l’hydrogène pour produire de l’électricité à l’aide du photovoltaïque ou de l’éolien extrêmement puissants ».
Rappelant l’avance prise par l’Empire du milieu : « La Chine est en train de réaliser un saut technologique dans ce domaine et, si nous prenons du retard, ces marchés vont nous échapper. Il faut donc conforter l’avance technologique dont nous bénéficions aujourd’hui. L’emploi industriel dépend aussi de notre capacité à innover. N’ayons pas une vision statique des décisions qui sont prises ! » Le lendemain, invité par la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, Nicolas Hulot a été prié, le mardi 26 septembre 2017, d’évoquer l’hydrogène par deux députés de la majorité.
Le premier, Bruno Duvergé, député de la 1ère circonscription du Pas-de-Calais, également membre du Comité stratégique de l’établissement public Société du canal Seine-Nord Europe, a demandé, après la promulgation de la loi votée en séance publique le mardi 10 octobre 2017, la remise d’« un rapport sur la promotion des énergies renouvelables, notamment la géothermie et les énergies à base d’hydrogène, dans la perspective de faciliter la réorientation de nos ingénieurs et de nos chercheurs vers ces secteurs ».
Conseiller départemental à la ville, ce parlementaire à la scène insiste sur « la valorisation des circuits courts en matière énergétique » avec, en ligne de mire, « une vraie révolution industrielle et agricole [qui trouve] des solutions qui valoriseront les productions d’énergie locales », citant cet exemple : « produire de l’hydrogène avec les éoliennes de nos campagnes pour alimenter des tracteurs agricoles à pile à combustible ».
Quelques questions au ministre d’État chargé de la Transition écologique et solidaire plus tard, son collègue Bruno Millienne, député de la 9e circonscription des Yvelines et président du groupe d’amitié France-Laos, s’étonne que Nicolas Hulot n’ait pas fait « le choix d’introduire dans le projet de loi un volet sur l’exploitation du charbon, actuellement deuxième ressource énergétique de l’humanité derrière le pétrole, ainsi que sur les autres énergies fossiles ». Aussi demande-t-il : « Quelle est votre feuille de route sur ce sujet, notamment dans votre plan climat à venir ? »
Autre absent « comme énergie alternative », l’H2, pointe le conseiller régional francilien. « Il semble aujourd’hui que le transport de l’hydrogène par gazoduc est possible et qu’il soit à ce jour le moyen le plus adapté. La possibilité d’utiliser le gaz naturel pour transporter l’hydrogène a déjà été expérimentée ». Et de poser une seconde question en ce sens : « Certes, le tout hydrogène est évidemment encore loin, mais quel est votre avis sur cette solution transitoire ? » En fin de tour de table, le ministre d’État répond sur le charbon et les EnR pour tracteurs : « Nous allons évidemment proposer de supprimer également les permis portant sur le charbon. Tout ceci s’inscrit dans le dispositif prévoyant la fin des centrales à charbon annoncé au moment du plan climat. (…)
Avant de rentrer dans le vif du sujet, quelques heures plus tard, à 21 h 30 lors de l’examen des amendements : « J’en profite pour dire que l’hydrogène pourrait nous être utile dans cette période de transition – qu’il s’agisse du stockage ou de certaines formes de mobilité. Nos acteurs économiques couvrent l’ensemble de la filière. Simplement, il faudra bien savoir où placer nos investissements. En effet, je ne suis pas sûr que l’hydrogène soit la réponse immédiate à nos besoins de mobilité individuelle, alors qu’il devrait être plus adapté au transport routier ou aux flottes d’entreprise ».
Au Palais du Luxembourg
Un mois jour pour jour après le second tour des législatives, le sénateur de l’Orne Jean-Claude Lenoir, qui ne s’est pas représenté en septembre 2017, explique pourquoi il a invité Nicolas Hulot, ce 18 juillet 2017, au Sénat : « la commission des affaires économiques est en charge de tout ce qui concerne l’énergie et nous avions été saisis au fond de la loi sur la transition énergétique ». Son vice-président Michel Le Scouarnec, évoque la réalisation territoriale, mise en exergue par le président de Morbihan Énergies, Jo Brohan, dans Europe parlementaire no 32 (daté de juillet-août-septembre) : « Une station hydrogène a été inaugurée à Vannes il y a trois semaines. Souhaitez-vous encourager les régions de France à se lancer dans de tels projets ? »
Le ministre d’État répond sans langue de bois : « Je suis très ouvert sur le sujet de l’économie circulaire comme sur celui de l’hydrogène et pour faire des régions des territoires d’expérimentation. Ce sera le lieu où nous pourrons valider des processus afin de voir s’il s’agit de solutions économiquement et technologiquement durables. Je vais bientôt réunir au ministère tous les acteurs du secteur de l’hydrogène afin de pouvoir bâtir ma propre opinion. Je n’en ai pour le moment pas car j’entends des arguments parfois contradictoires alors que j’ai tendance à penser que cette filière peut jouer un rôle important dans la transition, et plus vite que prévu.
Il s’agit pour le moment d’un sentiment et non d’une conviction. Certains acteurs réticents il y a encore quelques années pensent qu’il est aujourd’hui possible d’aller plus vite et plus loin dans beaucoup de domaines, y compris celui du transport. La transition énergétique et la transition de la mobilité ne se bâtiront pas qu’autour de l’électrique. Je souhaite que se développent aussi des véhicules à hydrogène ou des véhicules hybrides. Et des véhicules thermiques à faible consommation seront peut-être nécessaires dans l’intervalle ».
Juste après, le Lorrain Daniel Gremillet va dans le sens de son collègue breton et de Nicolas Hulot : « Venant de Lorraine, région qui avait beaucoup travaillé sur l’hydrogène, je partage l’idée de la nécessité d’aller plus loin dans ce domaine et suis heureux d’entendre vos souhaits », ce à quoi le représentant du Gouvernement acquiesce : « En ce qui concerne l’idée de reconquête industrielle, la réponse est dans la question et je suis évidemment d’accord avec ce propos ». À la mi-octobre, le ministre d’État n’avait pas encore rassemblé l’écosystème à l’hôtel de Roquelaure. Si vous nous lisez, cher Monsieur, nous sommes prêts à vous y aider !