TIGF : le gaz propre existe déjà
TIGF, ex-filiale de Total chargée des infrastructures gazières dans le Sud-Ouest, et fruit d’un actionnariat franco-italo-singapourien depuis 2013, adapte déjà son réseau aux gaz verts, prépare la zone tarifaire unique pour fin 2018 et travaille aux interconnexions européennes.
Avec 5 134 km de canalisations, c’est autant de corridors écologiques, dont 20 % situés en espaces naturels sensibles. Quelles actions menez-vous en termes de biodiversité ?
Dominique Mockly : L’acceptation sociale de nos projets est primordiale. Nous nous faisons un devoir de résoudre au mieux la question de l’intégration dans le paysage et du respect de l’environnement. Un chantier n’est en effet lancé que lorsque nous recueillons le plus grand nombre d’adhésions de la part des parties prenantes.
Notre méthodologie respecte ainsi le triptyque suivant : éviter, réduire et compenser. Éviter, cela passe par la définition des corridors écologiques afin de limiter au maximum les travaux. Réduire, c’est préserver la faune et la flore, voire les déplacer avant de les réimplanter. Compenser, enfin, consiste à recréer ailleurs des écosystèmes en replantant des arbres. Ces espaces préservés nous permettent de définir nos objectifs de biodiversité.
De même que nous utilisons des chevaux pour déplacer les souches et troncs découpés, nous recourons à des caméras à vision nocturne avant et après pour observer l’évolution des vies animales et végétales. Nous organisons également des parcours découvertes avec les écoles des communes concernées, comme à Urdès (Pyrénées-Atlantiques), pour faire de la pédagogie ludique sur ces questions.
Comment accompagnez-vous les acteurs dans la recherche de financements pour les installations de production de biométhane ?
D. M. : Le biométhane est une priorité car nous avons la conviction que le gaz, et notamment le gaz vert, fait partie des énergies qui vont accélérer la transition. Que ce soit ce dernier ou le méthane de synthèse, ils permettent d’équilibrer la production d’électricité. Nous sommes déjà partenaires d’un démonstrateur Jupiter 1 000 en ce sens avec GRTgaz afin d’industrialiser la filière.
Nous intervenons ainsi à quatre niveaux : d’abord nous réalisons des études d’implantation afin de créer des centrales de biométhane au plus près du réseau d’électricité, puis nous revoyons notre réseau pour qu’il se situe au meilleur endroit, ensuite nous fournissons le poste d’injection sous forme de leasing pour étaler son financement, et enfin nous aidons les sociétés et collectivités à structurer leurs dossiers. En ligne de mire, nous visons le coût d’entrée le plus bas.
« Monsieur le Ministre, donnez de la stabilité et de la visibilité sur le long-terme sur le prix de rachat du biométhane. Les porteurs de projet pourront espérer un juste retour sur investissement. »
De plus en plus de poids lourds et de bateaux circulent au gaz ou au biogaz. Quelle est votre stratégie pour participer à un bon maillage de ravitaillement ?
D. M. : Il pourrait déjà exister une prime d’achat comme c’est le cas pour les véhicules électriques. Nous mettrions ainsi les deux filières sur un pied d’égalité. Aussi avons-nous déjà recensé les gestionnaires de flottes publiques et privées qui pourraient passer au vert et engagé le dialogue avec eux. Nous travaillons d’autre part sur l’implantation de stations à proximité de nos installations pour démontrer la preuve par l’exemple.
Nous discutons par ailleurs avec les distributeurs d’essence et de diesel qui réfléchissent à des terminaux de GNV. Nous sommes donc prêts à accompagner la filière. Comment expliquez-vous qu’à Madrid, tous les taxis s’apprêtent à se convertir au gaz ?
D’ailleurs, il serait pertinent de continuer à pousser dans ce sens dans nos régions. Tokyo a été dépollué de cette manière. C’est moins de particules fines, moins de GES.
« Monsieur le Ministre, mettez en place une prime d’achat pour les véhicules GNV afin d’accélérer le développement de la filière »
Dominique Mockly est Président et Directeur général de TIGF