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Gouvernement,  Le magazine Hydrogenium

Hoang Bui : Les nouveautés de la stratégie nationale de développement de l’hydrogène décarboné

Le coordinateur de la stratégie nationale hydrogène a effectué un balayage des nouveautés en cours de la stratégie. Connaissant son expertise en stockage géologique et en géothermie, il a été interrogé également sur le sujet des projets d’exploration d’H2 géologique naturel.

Hoang BuiSecrétaire du Conseil national de l’hydrogène et coordinateur des stratégies nationales «Hydrogène décarboné» et «décarbonation de l’industrie» du Secrétariat général pour l’investissement ( SGPI )
Hoang Bui Secrétaire du Conseil national de l’hydrogène et coordinateur des stratégies nationales «Hydrogène décarboné» et «décarbonation de l’industrie» du Secrétariat général pour l’investissement ( SGPI )

La révision de la stratégie nationale hydrogène
Cette stratégie s’inscrit dans la continuité et il y a eu des ouvertures. La continuité, c’est toujours la décarbonation de l’industrie et de la mobilité. Ça c’est l’objectif. La stratégie passe notamment par le déploiement d’une capacité de 6,5 gigawatts d’électrolyse d’ici 2030 et la nouveauté, c’est que l’État affiche 10 gigawatts en 2035. Il y a un certain nombre de moyens financiers qui sont confirmés, notamment 4 milliards qui ont été promis à l’origine de la stratégie, mais pas confirmés, pour soutenir la production d’hydrogène décarboné pour compenser la différence de coût avec l’H2 gris. Ça c’est un dispositif qui va être lancé début 2024.
Il faut créer une filière en France d’équipements en hydrogène. Ici aussi l’État n’a pas manqué sa promesse puisqu’il a financé une ligne pour 1,1 milliard d’euros pour 10 premières gigafactories d’équipements d’hydrogène dans 7 régions et qui vont créer plus de 5 000 emplois.
Et il y a encore d’autres projets à venir :
créations d’activités, formation aussi, puisque France 2030 met 2 milliards sur la formation dans le domaine d’H2 et tout profils confondus, va soutenir 47 000 formations d’ici 2030. L’objectif de création d’emplois est de 100 000 à 150 000 emplois directs ou indirects.
Un point important qui peut être intéressant, une nouveauté, c’est l’apparition d’infrastructures au sens transport par taille. Les infrastructures sont évoquées dans la révision de la stratégie hydrogène pour doter les 7 grands bassins industriels, qui ont été identifiés, d’une infrastructure qui permet d’assurer une certaine sécurité d’approvisionnement. Deuxièmement, à l’intérieur de chacun de ces bassins, ce qui est aussi une nouveauté, c’est le lien avec le système électrique. Si on met beaucoup d’électrolyseurs, on va consommer beaucoup plus d’électricité. On va avoir un impact sur le système électrique, donc rentre dans la réflexion de l’État les sujets d’effacement. C’est-à-dire comment faire coexister le système électrique avec les besoins de nouvelle consommation. Ça passe notamment par les pipelines et aussi par le stockage en cavités salines. Il y a une ouverture internationale plus importante sur le marché mondial hydrogène. Cela peut être de l’importation, cela peut être aussi de l’export. C’est une vision plus internationalisée, parce que nos gigafactories ne vont pas uniquement desservir le marché français, mais le marché mondial. Donc, l’hydrogène, on va en produire certainement en France puisqu’on sait que pour atteindre nos objectifs de décarbonation, et notamment des grands projets de décarbonation de nos entreprises industrielles, on va avoir besoin d’hydrogène dès le début 2026, 2027, 2028 et là, à cette date, l’importation n’arrivera pas. On a besoin de toute façon d’une capacité minimale d’électrolyseurs installée en France qui est un investissement sans regret.  Après on verra s’il y a un déficit d’importation, notamment dans la région du bassin de Fos Marseille, par exemple, qui sera très fortement consommateur d’hydrogène et d’électricité.

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Transition vers l'hydrogène : innover ensemble Une journée organisée par la FRH2 du CNRS : Hoang Bui (SGPI), Michael Haddad (Alstom), Sébastien Faivre (H2SYS), Christelle Werquin (France Hydrogène), Paul-Emile Faure (SRT Microcéramique), Christian Maugy (Plastic Omnium) et François Martin (GRTgaz).

Concernant l’hydrogène géologique naturel
Il faut le dire, ce n’est pas un sujet nouveau pour l’État. En 2021, on savait déjà qu’il y aurait un sujet de stockage de l’hydrogène. Début 2022, dans le code minier on a rajouté l’hydrogène comme substance de mine. Le sujet de l’hydrogène blanc est un sujet sérieux. Donc on y va ! Pour autant, il faut encore un peu de temps. C’est que l’hydrogène naturel aujourd’hui, on n’a quand même pas beaucoup de retours d’expériences. Je ne pense pas qu’on ait des résultats au mieux avant 3 ou 4 ans pour mettre en exploitation. On verra dans 5 ans si on a des ressources importantes et si elles sont exploitables.

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