Sopna Sury : L’H2 européen face à la vitesse d’accélération mondiale

Lors de l’assemblée générale annuelle de France Hydrogène*, la fédération européenne a rappelé aux membres combien la vitesse de développement était cruciale.

Nous avons fait de grandes avancées ces dernières années en Europe. Le Green Deal a été essentiel, et le secteur de l’hydrogène ( H2 ) européen n’a jamais été aussi dynamique. Les derniers dossiers du Green deal sont en train d’être conclus, et pour la première fois, nous avons des objectifs impératifs d’un H2 verte à 42 % d’ici 2030, et de 60 % d’ici 2035. Ceci est pour l’industrie un signal clé.
Que nécessiterait maintenant un véritable décollage ?
De mon point de vue, la principale raison, pour lesquelles notre économie ne se situe pas encore là où elle devrait être, est toujours un manque de volonté du client à payer. Nous sommes encore au début de la montée de cette économie. Les coûts de production vont certainement baisser, mais nous sommes encore dans une situation où les coûts de l’électricité renouvelable sont relativement élevés
Le premier ingrédient est donc l’expansion du renouvelable, le deuxième concerne la régulation de l’H2, le troisième concerne les infrastructures et le dernier, mais pas des moindres, il s’agit du financement.
Je vais donc commencer avec l’extension du renouvelable. En Europe, je pense que nous avons fait de grandes avancées. Néanmoins, les procédures d’autorisation locale, en fonction des marchés que nous observons ne favorisent pas encore toute la vitesse dont nous avons besoin pour assurer un accès suffisant à une électricité bas carbone.
La régulation de l’H2 est notre deuxième point. La certitude d’une planification est la clé pour tout projet entrepreneurial voulant être financé. Et ici, notre devoir est de s’assurer de la mise en œuvre de l’ouverture des marchés européens au travers d’une régulation claire.
Donc, les renouvelables, la régulation et l’infrastructure, je trouve ça remarquable car si on les observe, on a le déroulement intégré de la chaine de valeurs. Il ne s’agit pas que de l’ouverture de la production et des infrastructures ou des acheteurs. Nous devons joindre pipelines, possibilités d’imports et de connections entre les marchés. Il s’agit également de stockage et, par des électroniciens, d’une intégration de système. Il s’agit d’aider le réseau.
Le dernier point dont nous avons besoin pour réussir est le financement. Je pense personnellement que la Banque européenne de l’H2 est un instrument brillant qui peut aider en Europe.
Mais nous ne sommes pas seuls, la planète est vaste. Nous pensons aux États-Unis et à la Chine. Nombre de fournisseurs voulait déménager leurs usines aux États-Unis, pensant que ce marché allait d’abord prendre rapidement là-bas grâce aux soutiens publics. Maintenant, 15 mois plus tard, ça n’a pas avancé si rapidement. Il est aussi clair que certaines règles de soutien à la production d’H2 sont très similaires à ce qu’on fait ici en Europe, aujourd’hui.

La Chine est en tête des développements technologiques en plus d’être déjà le plus grand marché d’énergie renouvelable. La question est donc à quelle vitesse accélérons-nous maintenant ? Je suis assez optimiste. La France est un grand modèle, les fondations sont établies. Nous demandons maintenant à nos politiciens comment ils peuvent nous accompagner pour faire évoluer ces fondations afin d’arriver à quelque chose de substantiel pour cette économie. Et, du point de vue d’Hydrogen Europe, nous sommes très enthousiastes à l’idée de développer cette stratégie ensemble, avec vous la France, le nouveau Parlement européens et la nouvelle Commission, parce l’H2 va être le deuxième grand facteur de décarbonation en Europe et à travers le globe.
*le 7 décembre 2023 à Paris.