Ergosup : au service d’une mobilité propre et d’un changement de modèle énergétique
Producteur d’hydrogène décentralisé, Ergosup accompagne les collectivités prêtes à adopter une mobilité propre sans rejets en passant au carburant renouvelable.
Peut-on produire son propre hydrogène localement ?
Patrick Paillère : Aujourd’hui, l’approvisionnement des stations hydrogène est fait par de gros distributeurs gaziers qui produisent le gaz en central à partir d’hydrocarbures et donc non à partir d’énergies renouvelables locales. C’est une étape nécessaire au lancement de la filière hydrogène, mais progressivement, nous allons vers des productions locales avec une technologie d’électrolyse de l’eau. Ce procédé introduit en effet un cycle vertueux ou l’eau utilisée pour produire l’hydrogène est ensuite régénérée lors de la consommation de l’hydrogène à bord des véhicules. La décarbonation est complète lorsque l’électricité utilisée pour l’électrolyse vient d’une source énergétique renouvelable et locale : le solaire, l’hydraulique ou l’éolien, les énergies de la mer…
L’hydrogène est résolument une passerelle énergétique qui permet de connecter et d’intégrer différentes sources EnR et des usages. Au-delà des avantages reconnus pour les applications mobilité propre, il permet face à l’intermittence des EnR, de réaliser des ajustements entre consommations et productions d’énergie, ou encore de faire de l’interconnexion entre réseaux électrique et de gaz. L’hydrogène, c’est une opportunité de valoriser des énergies locales via l’électrolyse mais aussi d’autres ressources locales telles que le biogaz issu de déchets permettant de produire du biohydrogène.
Va-t-on vers une multiplication des stations d’énergies renouvelables ?
P. P. : Aujourd’hui, il existe 15 stations en France, et l’AFHYPAC anticipe 100 stations en 2020 et 600 en 2030. Outre les utilitaires Kangoo développés en France, trois constructeurs asiatiques commercialisent déjà des berlines pour les particuliers. Au-delà les initiatives se multiplient pour d’autres véhicules : bus, vélo, bateaux et même trains avec le projet Alstom en Allemagne. Dans l’industrie, le chariot-élévateur à hydrogène présente l’avantage, outre l’absence de nuisance sonore ou de rejets, d’une puissance constante par rapport à son équivalent à batterie. Idem avec le drone professionnel, où l’autonomie est multipliée par trois par rapport à une alternative à batterie. Des réflexions existent déjà aux États-Unis pour produire de l’hydrogène à l’échelle d’un quartier ou d’une résidence et permettre des appoints ponctuels. Également en Asie où la production d’énergie domestique, en particulier avec des piles à combustibles est déjà développée.
Par conséquent, nous nous dirigeons effectivement vers une montée en puissance des stations avec des conceptions adaptées aux usages en termes de dimensionnement, de pression, de besoin de stockage associé avec des évolutions technologiques probables au fil du temps. Les stations à venir de grande capacité permettront de réduire le coût de l’hydrogène produit mais continueront à coexister avec des unités plus petites permettant elles d’intensifier le maillage des territoires.
Comment les collectivités peuvent-elles se saisir d’un tel sujet selon vous ?
P. P. : L’hydrogène ne peut se développer sans leur engagement. Les pouvoirs publics doivent continuer à mettre en place des dispositions réglementaires, incitatives, financières pour le promouvoir. Le point d’entrée, c’est la pédagogie pour aller vers une mobilité soucieuse de la santé et de l’environnement ; mais aussi pour lever les interrogations et augmenter l’acceptabilité de ce nouveau carburant qu’est l’hydrogène. Le bon exemple c’est la Manche avec les véhicules à hydrogène des sapeurs-pompiers, lesquels sont les meilleurs garants de la prévention et de la sécurité. Le succès de l’appel à projets « Territoires Hydrogène » en 2016 avec plus de 100 projets déposés montrent que les collectivités sont prêtes à se mobiliser avec des projets locaux qui ont du sens pour les citoyens !
Patrick Paillère est le Président d’ Ergosup