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Semitan : comment l’hydrogène apporte sa puissance à la navigation électrique

La société d’économie mixte Semitan exploite le réseau de transport en commun de Nantes Métropole. Mandatée pour être le bras armé en matière de transports, elle rénove, sécurise et innove. Leur dernière réalisation : une navette fluviale à hydrogène, avec le porteur de projet Pierre-François Gérard.

Parlez-nous de ce navire innovant et non polluant ?

Pierre-François Gérard : Nous sommes encore en phase d’expérimentation avec ce catamaran de 10 mètres de long sur 3.80 de large. Construit en Vendée, il tire son énergie de deux piles à combustible de 5 kW. L’hydrogène est stocké à bord et ces piles le convertissent en électricité. Le principal intérêt, c’est que le bateau ne rejette aucune émission de CO2, mais seulement de l’eau (voir en page 2, le ministre d’État Nicolas Hulot buvant le verre d’eau pure au sortir du pot d’un véhicule à hydrogène, N.D.L.R.). Cette technologie permet aussi une plus grande autonomie. Non polluante, la navette baptisée « Jules-Verne 2 » est aussi plus silencieuse.

Quelles ont été les différentes motivations avant la mise à l’eau ?

P.-F. G. : Il s’agissait de mettre en œuvre une solution qui relève le défi de la transition énergétique, en réalisant une chose qui change complètement la façon de conduire un véhicule, à savoir piloter un bateau. Créer un beau produit qui vienne participer au débat. Il y a en effet beaucoup de choses à apprendre de l’hydrogène. La réduction de la pollution et le silence, c’est sans doute les deux principales choses qui nous ont motivés.

Le silence du bateau a-t-il été une condition sine qua non ?

P.-F. G. : La pollution par le bruit est un thème récurrent dans la ville. Prenez l’exemple d’un scooter trafiqué − comme je viens juste d’en voir un qui doublait à toute allure une file de voitures par la droite − avec un pot d’échappement crachant de la fumée. Dans la ville, les réverbérations sont un sujet important. En ce qui concerne les bus et les tramways, nous y sommes sensibles et ce jusqu’au bruit du frottement sur les rails.

Quant au trafic, mettez-vous à la place de la personne qui se lève tôt le matin et qui a eu du mal à s’endormir à cause du bruit. Le bruit, comme la pollution lumineuse, nuit à la santé. Donc, si on résout ce type de problème dans le domaine des transports, on ajoute une dimension verte supplémentaire.

Le bateau a-t-il la vocation d’établir un pont entre deux endroits ?

P.-F. G. : La navette hydrogène a été mise en place à Nantes pour établir effectivement un pont dans un quartier dense et à un endroit éloigné des ponts les plus proches. Instaurée en 1995, elle n’a été reconsidérée pour passer à l’hydrogène que plus tard. Il a fallu cinq ans pour réaliser ce projet ambitieux et complexe, dont nous sommes très fiers.

De plus, nous sommes dans une zone Natura 2000. Son usage est plus restreint que celui d’un pont, qui dispose d’un trafic beaucoup plus important, mais elle fait vivre une rivière, un fleuve. Le bateau reste un moyen de transport noble pour le citoyen. Cependant, il lui faut de la puissance, pour remonter un courant ou aller contre la marée, mais une puissance qui reste verte et participe à une vie environnementale.

Avec un bateau électrique la puissance signifie plus de batteries, donc un bateau plus lourd. Aujourd’hui, on garde souvent le diesel, car c’est plus puissant que l’électricité. Avec l’hydrogène, finies les batteries lourdes, place à la puissance et à la légèreté.

Est-ce que cela consomme beaucoup ?

P.-F. G. : Avec un hydrogène à
18 euros le kilo, un kilo correspond à 5 litres de carburant diesel.

Quid de la maintenance ?

P.-F. G. : En coûts de maintenance, la navette électrique, par rapport au diesel, ce n’est rien ! Mais avec l’hydrogène, on ne connaît pas tout de ce nouveau système, notamment en termes de contrôles de sécurité. Il y a aussi la partie logicielle qui réclame une grande précision. Mais au final, les coûts seront gagnants.

On est au balbutiement d’une révolution, à la naissance d’une filière viable à terme, d’où la nécessité de commencer petit, un peu cher certes, mais pour demain maîtriser cette révolution.

Pierre-François Gérard est Chargé de mission à la direction générale de la Semitan

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