Table ronde à Roissy Meaux Aéropôle
Innovations

Augustin de Romanet : Décarboner les aéroports

L’atterrissage du futur vu par le patron du plus grand aéroport de France nous révèle que les plateformes aéroportuaires se préparent dès aujourd’hui à accueillir l’avion à hydrogène.

Augustin de Romanet, ADP
Augustin de Romanet
Président directeur général du groupe ADP

Le transport aérien de masse s’est développé depuis 1950 à peu près, donc 100 ans après le premier puits de pétrole : c’était en 1848. En 2019 il y avait 4 milliards de passagers.
On s’est réveillé dans les années 2015, 2020 avec une prise de conscience généralisée qu’il n’était plus possible de fonder le développement de l’aviation sur le kérosène. Quel est le substitut ? L’hydrogène ( H2 ) est un mode de stockage incroyablement facile à utiliser puisque ça se transporte facilement, ça se stocke facilement. Nous nous sommes dit très vite, comme notre métier vise à favoriser le transport aérien pour qu’il puisse demeurer une solution pour les humains, il faut qu’il se passe de façon décarbonée.
Notre première mission c’est de décarboner les aéroports. Au sein du groupe ADP, on a été les premiers à croire aux carburants durables, les premiers à stimuler les producteurs d’énergie qui étaient un peu agnostiques au début sur cette question-là, et à chercher toutes les solutions pour montrer l’exemple d’une activité décarbonée.
On développe la géothermie pour chauffer de façon écologique, on utilise la chaleur fatale, on utilise des chaudières à bois, on met des LED sur toutes nos pistes, etc. On décarbone l’aéroport. On assiste à une révolution mentale qui est d’accepter qu’il faille se prendre par la peau du cou pour avoir des nouveaux procédés industriels et valoriser l’énergie verte. Songez qu’au salon du Bourget, en juillet 2023, on avait une start-up, qui s’appelle Beyond Aero, qui a pour projet de faire un avion d’affaires électrique avec un rayon d’action de 1 600 km, 600 km à l’heure, 8 passagers,
100 % H2 avec une pile à combustible !
Frédéric Beniada,

Table ronde à Roissy Meaux Aéropôle
de gauche à droite, Armelle Levieux (Air Miquide), Augustin de Romanet (ADP), Frank Lacroix (engie) et Franck Romand (Groupe Europe Handling)

A Charles de Gaulle, nous avons réservé des surfaces très importantes, plusieurs dizaines d’hectares dans le cas où il serait nécessaire techniquement que l’H2 pour les avions soit produit sur nos aéroports. On n’est pas sûr que ça soit économiquement intelligent. Peut-être que les études nous montreront que c’est beaucoup plus malin d’aller chercher l’H2 via des pipelines, via des camions. Dans l’hypothèse où il faudrait le produire sur place, songez qu’en 2035 ou 2040, il nous faudra quasiment 1 000 tonnes d’H2 par jour. Est ce qu’on va les prendre sur place ou est ce qu’on va les attirer de l’extérieur ? Aujourd’hui, je ne peux pas vous répondre, mais on y travaille.

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